Project Description
Client: Ironhack Campus
Skills: Design Thinking, UX/UI design, Figma
Release Date: 2024
Mes collègues Valéria, Thomas et moi-même avons été mis au défi de créer un projet d’application mobile native sur le thème du bien-être en moins d’une semaine. Après discussion, nous nous sommes mis d’accord sur le sujet de la santé mentale des jeunes. Un sujet complexe mais ô combien essentiel aujourd’hui, tant en France qu’ailleurs.
1) Empathize
UX Research : Recherche secondaire
Nous savons tous que l’adolescence est une étape difficile. Chaque génération a connu ce sentiment de déconnexion et d’incompréhension avec son entourage. Les adolescents de la génération Z et Alpha n’échappent pas à cette règle. Mais les outils numériques d’aujourd’hui et les nouvelles méthodes d’écoute et de bienveillance les aident-ils à traverser cette période plus sereinement ?
Datas
On peut en douter au vu des statistiques récentes. Selon les résultats de l’enquête EnCLASS 2022 (Enquête Nationale en Collèges et Lycées sur la Santé et les Substances), menée auprès de plus de 9 000 élèves entre 2018 et 2022, les collégiens et lycéens ont connu une dégradation de leur santé mentale et de leur bien-être, plus marquée chez les filles.
- La présence de plaintes somatiques et/ou psychologiques récurrentes touche 51 % des collégiens et 58 % des lycéens.
- 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque élevé de dépression.
- 24 % des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, 13 % ont tenté de se suicider au moins une fois dans leur vie, et environ 3 % ont fait une tentative nécessitant une hospitalisation.
- La santé mentale et le bien-être des élèves se détériorent au collège et ne s’améliorent pas au lycée.
- De manière générale, les filles déclarent une moins bonne santé mentale et un bien-être inférieur à celui des garçons.
Ces résultats sont partagés par la grande majorité des pays participant à l’enquête HBSC (Europe centrale, Asie, Canada). Cette tendance est confirmée par les données hospitalières, qui montrent une augmentation des visites d’urgence pour troubles de l’humeur et pensées suicidaires chez les 11-24 ans depuis 2021, en particulier chez les jeunes filles, et cette tendance se poursuit. Par ailleurs, le Baromètre Santé Publique France, réalisé auprès d’un échantillon représentatif de la population française, révèle qu’entre 2017 et 2021, la prévalence de la dépression a presque doublé chez les 18-24 ans, passant de 12 % à 21 %.
Les causes
La pandémie de Covid-19, les conflits armés, les attaques terroristes, la crise climatique, la pression scolaire, le harcèlement, l’homophobie, ainsi que les risques associés à l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux sont autant de facteurs de risque pouvant contribuer à la forte dégradation de la santé mentale des jeunes.
Action gouvernementale
Marion, Lucas, Lindsay, Nicolas… En France, ces noms d’enfants sont tristement connus. Ils avaient entre 13 et 15 ans, étaient collégiens ou lycéens, sans problèmes apparents, mais victimes de harcèlement scolaire les ayant poussés au suicide. Ces drames, de plus en plus médiatisés, ont fini par inciter le gouvernement français à mettre en place un plan interministériel ambitieux et inédit contre le harcèlement scolaire, présenté en septembre 2023. Cette enquête s’articule autour de cinq axes principaux :
- Les relations avec les autres et la peur d’aller à l’école
- Les violences subies dans le cadre scolaire
- Certains élèves rapportent avoir été victimes de nombreuses violences de manière répétée
- La qualité de vie, le travail scolaire et l’assiduité
- La demande d’aide
Ce dernier point nous intéresse particulièrement. La proportion d’élèves ayant demandé de l’aide à un camarade, un parent ou un adulte du personnel scolaire, parmi ceux qui se sentent souvent harcelés, augmente avec le nombre de violences répétées subies :
- 63 % des élèves de primaire (89 % parmi ceux ayant subi 8 violences ou plus)
- 32 % des collégiens (69 % parmi ceux ayant subi 5 violences ou plus)
- 22 % des lycéens (62 % parmi ceux ayant subi 5 violences ou plus)
UX Research : Recherche primaire
Sondage et interviews
Pour mieux comprendre les causes de la détresse des adolescents, nous avons commencé par réaliser un sondage en ligne à l’aide d’un questionnaire. En une nuit, avec une quarantaine de réponses, nous avons pu constater que :
- 96 % des adolescents ne partagent pas leurs problèmes avec leur famille.
- 85 % n’ont pas d’adulte de confiance à qui parler.
- 65 % décrivent leur santé mentale comme mauvaise ou moyenne.
- 48 % considèrent que l’école est la plus grande source de stress dans leur vie.
- 20 % considèrent que leur famille est leur plus grande source de stress.
- 12 % considèrent que leurs relations amoureuses sont leur source de stress.
Pour comprendre les raisons derrière ces chiffres, nous avons mené 5 interviews avec des jeunes âgés de 13 à 17 ans.
Sans surprise, les adolescents d’aujourd’hui rencontrent encore d’importantes difficultés de communication et de gestion émotionnelle avec leur famille et leurs enseignants. Ils se sentent négligés par des adultes qui ne les comprennent ni ne les soutiennent. Les enseignants sont perçus comme ennuyeux ou agressifs, et la pression qu’ils ressentent à l’école et à la maison laisse peu de place à l’écoute ou à la bienveillance. Ce sont avec leurs amis qu’ils trouvent ces deux aspects, parfois avec des inconnus en ligne. C’est à travers leurs interactions sociales qu’ils parviennent à se détendre. Lorsqu’ils sont seuls, la musique devient une part importante de leur quotidien, un espace où ils se sentent en sécurité.
2) Define
Persona
À partir de nos recherches, nous avons créé le profil d’Emma, 14 ans, vivant en banlieue parisienne.
« J’ai été témoin de harcèlement dans mon environnement plusieurs fois. L’école peut être cruelle, c’est comme “mourir ou survivre”. Ce serait génial si le harcèlement était vraiment interdit. »

Emma 14 ans
Problématique
À partir de nos recherches, définir le problème pour notre projet a été assez simple :
Les adolescents ont besoin d’un moyen sûr et fiable pour partager leurs problèmes et recevoir un soutien émotionnel, car ils sont vulnérables aux comportements agressifs à l’école et dans leur famille, et ils manquent d’adultes de confiance dans leur environnement vers qui se tourner pour obtenir de l’aide.
3) Ideation
Bien que nous ayons exploré différentes idées pour répondre à ce problème, le concept le plus intéressant que nous avons mis de côté était celui qui combinait les relations sociales et la musique. Les jeunes ont un lien fort avec la musique, qui peut servir de point d’entrée pour la communication, le partage et l’échange. Cependant, à la lumière des statistiques recueillies lors de notre recherche, et après avoir découvert d’autres projets similaires d’applications mobiles, nous avons décidé de nous orienter vers un contexte plus sérieux et national afin de maximiser l’impact de notre projet sur le plus grand nombre d’adolescents possible.
Le sujet étant vaste, nous avions de nombreuses idées et fonctionnalités en tête. Après une première session de brainstorming, il nous a fallu prioriser nos idées en utilisant la méthode MOSCOW.

Méthode de priorisation MOSCOW
Concept
Notre idée finale est une application qui fonctionnerait en collaboration avec le Ministère de l’Éducation Nationale pour créer un réseau de communication intra-scolaire national et sécurisé.
En pratique, l’application permettrait à chaque collégien ou lycéen de se connecter à l’aide de leur identifiant étudiant (numéro scolaire) afin d’accéder à l’interface propre à leur établissement ainsi qu’aux outils mis en place par le plan national de lutte contre le harcèlement.
L’élève pourrait communiquer, de manière identifiée ou anonyme, avec des membres du personnel éducatif de son établissement, tels que :
- Les enseignants
- Les infirmières scolaires
- Les surveillants
- Le chef d’établissement
De plus, l’application proposerait :
- Un assistant chatbot pour aider les élèves à exprimer leur détresse et les guider dans la recherche d’informations ou pour signaler des contenus inappropriés.
- La ligne d’assistance officielle 3018, accessible via SMS ou appel vocal 7 jours sur 7, avec des psychologues experts prêts à écouter.
- Un coffre-fort sécurisé où les élèves pourraient stocker en toute sécurité des photos, textes ou vidéos, fournissant des preuves dans des situations complexes nécessitant un examen par des adultes.
- La possibilité de planifier un rendez-vous en personne avec un professionnel certifié externe ou un membre du personnel de l’établissement.
- Des contacts d’urgence fournis par l’équipe éducative (pompiers, police, centres de soutien pour adolescents, centres de planification familiale à proximité, commissariats locaux, etc.).
- Des articles et des quiz pour aider à reconnaître les signaux d’alerte ou des situations complexes et déterminer les actions à entreprendre.
Prototype moyen-fidélité (Mid-fi)

Prototype midfi
Validation du concept
Pour valider notre concept, nous avons consulté notre public cible afin de recueillir leurs avis. Nous avons reçu des retours très positifs, avec des adolescents impatients de tester notre parcours utilisateur une fois qu’il sera prêt.

Moodboard
Charte graphique
Nous avons opté pour des couleurs vives et tendances afin de contraster avec la solennité du projet. Bien que l’application soit liée au milieu scolaire, nous souhaitons en faire un outil qui inspire confiance et qui soit attractif.
Mots-clés :
Coloré, Contrasté, Dynamique, Ludique, Bienveillant

Eléments graphiques
Prototype haute fidélité (High-Fi)
Il s’agit de la version que nous avons présentée à nouveau aux adolescents avec qui nous avions précédemment discuté du projet. L’accueil a été très intéressé et enthousiaste.

prototype highfi
Et après ?
Prochaine étape : lancer des tests utilisateurs et poursuivre le développement des maquettes, en intégrant notamment les écrans d’aide en ligne, les fonctionnalités de signalement, ainsi que la page de profil contenant le coffre-fort personnel sécurisé.
Dernier mot
Lift Up est un projet profond qui mérite un véritable développement. Les interviews que nous avons menées avec les adolescents nous ont profondément touchés, et nous avons réalisé que, bien que la jeunesse d’aujourd’hui soit fortement impactée, elle est également beaucoup plus engagée dans la recherche de solutions.